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Allocution d'ouverture des Premières Rencontres de l'ISOC-Wallonie
(17 juin 2000)
Education, Cultures et Internet :
Enjeux, stratégies et développement durable

Jacques Berleur
Président de l'ISOC-Wallonie
Recteur honoraire des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur (FUNDP),
jberleur@info.fundp.ac.be - http://www.info.fundp.ac.be/~jbl/

Monsieur le Ministre-Président,
Mesdames, Messieurs,

 

Nous sommes un jeune "Chapitre de l’Internet Society" (ISOC), puisque l’assemblée générale constitutive de notre association remonte au 24 novembre 1998 et que nous n’avons signé nos statuts d’asbl que le 7 juin 1999 - il y a donc juste un an.

Jeune, et aussi petit. Une petite centaine de personnes marquent leur intérêt pour nos échanges. Un conseil d’administration de 27 personnes. Une assemblée générale un peu plus étoffée, mais guère plus. Un comité exécutif de 6 personnes.

Un petit " coin " dans la porte d’une association qui compte comme membres quelques 150 organisations et 6 à 8000 membres individuels dans plus de 100 pays; mais pas sans ambition, comme le soulignait notre administratrice-déléguée dans son intervention "Un chapitre de l’ISOC : pourquoi ?" lors de l’assemblée générale constitutive de fin 98 : "L’une des raisons qui peuvent conduire à construire un nouveau chapitre est […] de croire passionnément que l’Internet représente un challenge et une réelle opportunité pour la Wallonie. Un chapitre doit réunir des partenaires représentatifs de tous les domaines composant la société concernée, dans un cadre pluraliste et interdisciplinaire. Le chapitre représente alors l’avis de l’ISOC dans le pays concerné, le point central des projets de développement de l’Internet, l’interlocuteur représentatif pour l’industrie de l’Internet, une structure neutre de prise de conscience pour l’éducation, et est reconnu comme interlocuteur autorisé sur le plan de l’Internet mondial."

Jeune, et petit. Cela ne nous empêche pas de prendre notre place dans les problèmes que la société de l’information nous pose aujourd’hui. Je vais y revenir.

Mais je voudrais, d'abord, souligner la présence à nos premières rencontres des piliers de la francophonie. Bruno Oudet, Président de l’ISOC France; Jean-Claude Guédon, Président de l’ISOC-Québec et Patrice Husson, Représentant de l’ISOC-Luxembourg (la plus jeune association, puisque sa première assemblée s'est tenue le 10 mai 2000).

Permettez-moi aussi d'en profiter pour remercier aussi, dès maintenant, tous les intervenants. Je laisserai le soin aux différents présidents de nos tables-rondes de les présenter. Et aussi de vieux amis : Ulrich Briefs (nous nous connaissons depuis près de 25 ans) et notre hôte de ce jour, Philippe Hugé et ceux et celles qui sont dans les coulisses techniques et organisationnelles de notre journée et, last but not least, celle dont la ténacité fait que nous tenons ces Premières Rencontres de l’ISOC Wallonie, Marie-Anne Delahaut.

L’Internet Society a été fondée en 1992. Elle se veut une association professionnelle jouant un rôle de leader pour faire face aux problèmes du futur de l’Internet. Elle entend, comme dit sa charte fondatrice (Mission Statement), " assurer un développement, une évolution et un usage ouverts de l’Internet, au bénéfice de tous, partout dans le monde ".

Elle est, en même temps, l’association qui héberge (" organization home ") des groupes responsables des standards de l’infrastructure de l’Internet, tels l’IETF (Internet Engineering Task Force) et l’IAB (Internet Architecture Board). L’ISOC attribue, semble-t-il, quelques 20 % de son budget à l’IETF et publie électroniquement toutes les normes produites par cette association.

Elle entend aussi soutenir les efforts éducatifs notamment dans le Tiers-Monde et sera bientôt reconnue comme ONG par l’UNESCO.

Une des initiatives récentes de l’ISOC - qui nous intéresse au plus haut point - est la création de l’ISTF (Internet Societal Task Force) qui examine, dans ses différents Work Groups, les aspects sociétaux de l’Internet. LISTF compte aujourd'hui 4 Work Groups : Public Software, ISTF Website, Uniaccess Work Group et le dernier, pour lequel notre chapitre revendique quelque paternité et nous estimons avoir quelque chose à dire - c'est le sujet d'une de nos table-ronde de ce jour : Cultural and Language Diversity Working Group (CLDWG).

Cinq autres Work Groups sont en formation : Accessibility, Practical Application of Privacy and Security of Personal Information (PAPSPI), Uni-forum/Portal et Community Networking.

Mais quand on consulte la carte du site de l’ISOC, les problèmes mentionnés de l'Internet seraient apparemment (sous le titre " Issues "):

  • Domain Naming Systems (une des questions posées par la Gouvernance de l’Internet),
  • Censorship,
  • Spamming,
  • Privacy,

et les associations auxquelles renvoient les liens sont :

  • ACLU (American Civil Liberty Union)
  • CDT (Center for Democracy & Technology)
  • EPIC (Electronic Privacy Information Center)
  • EFF (Electronic Frontier Foundation)

Comme s’il n’y avait que ces 4 problèmes et que les associations mentionnées sont les seules à les traiter ! C’est là un des effets pervers de l’Internet où les liens sont souvent déficients et oublient un peu tout ce qui se dit et se fait en dehors de la société-mère!

 

Il est donc temps et important que d’autres voix se manifestent, sans quoi nos cotisations (US$ 35/personne/an) risquent bien de n’avoir pour seul effet que de créer un nouveau business hors de chez nous et à nos dépens.

Il est grand temps que nos voix disent aussi ce qu’elles pensent des questions qui nous paraissent communes et posent de nouvelles problématiques qui nous soient propres pour que les infrastructures de communication ne soient pas pensées selon des modes de la " pensée unique ". Nos sociétés ont besoin d’espaces de réflexion, sinon de respiration, pour échapper à certains vertiges qui pourraient leur être imposés.

Récemment, dans le cadre de l’Académie Royale, nous avons eu l’occasion de recommander que la Belgique ne tarde plus à définir politiquement une position précise et développe sa conception de la société de l’information : nous sommes, à nous seuls, un modèle du concert européen, sinon des nations ! Il y a un discours fédéral, un discours flamand, un discours wallon.

Le citoyen belge a quelque difficulté à comprendre comment devant un phénomène aussi global que le développement de l’Internet - pour ne pas parler de l’ " Internet Nouvelle Génération " - on puisse se trouver devant une telle cacophonie.

Nous attendons donc votre parole, Monsieur le Ministre-Président. Mais nous mesurons aussi notre propre responsabilité.

Votre présence, en ce moment d’ouverture de nos Premières rencontres, nous encourage et nous réjouit : elle est un premier pas d’un dialogue à construire pour que notre futur corresponde à nos aspirations communes et ne soit pas le sujet d’agressions externes. Il est clair que nos cultures et nos démocraties sont " revisitées " (comme on dit modo americano !), mais cela se construira comme nous en déciderons, et à la mesure de nos propres investissements culturels, sociaux, politiques et économiques.

Merci pour votre présence.

Merci pour ce que vous allez nous dire.

 

Page mise à jour le jeudi 29 juin 2000